Les obligations légales liées à l'utilisation des logiciels open source en entreprise en 2024
Les obligations légales liées à l'utilisation des logiciels open source en entreprise en 2024

Les obligations légales liées à l’utilisation des logiciels open source en entreprise en 2024

Comprendre les logiciels open source : définition et principes

Les logiciels open source reposent sur un principe fondamental : l’accès libre au code source. Contrairement aux logiciels propriétaires, les programmes en open source peuvent être utilisés, modifiés et redistribués par quiconque, sous certaines conditions. En entreprise, ce modèle permet de réduire les coûts, d’augmenter la flexibilité et de bénéficier d’une communauté active de développeurs.

Néanmoins, l’utilisation de logiciels libres ne signifie pas absence de règles. De nombreuses composantes juridiques doivent être respectées. En 2024, ces obligations légales se complexifient avec l’évolution du cadre réglementaire européen sur le numérique. Les entreprises doivent donc faire preuve de vigilance en matière de conformité open source.

Les licences open source : un cadre juridique incontournable

Les obligations légales liées aux logiciels open source proviennent principalement des licences qui les encadrent. Ces licences définissent les conditions d’utilisation, de modification et de distribution du code source. Il existe différentes catégories de licences open source, chacune avec ses spécificités juridiques :

  • Licences permissives (comme MIT, Apache 2.0, BSD) : elles offrent une grande liberté d’utilisation, y compris dans des projets propriétaires.
  • Licences copyleft (comme GPL, AGPL, LGPL) : elles imposent davantage de contraintes. Notamment, elles obligent à redistribuer le code dérivé sous la même licence, y compris en cas d’intégration dans un produit commercial.

Ne pas respecter les termes d’une licence open source expose l’entreprise à des risques juridiques importants : litiges, perte de droits d’utilisation ou encore des dommages et intérêts.

Obligations de l’entreprise utilisatrice en 2024

En 2024, le contexte légal impose aux entreprises plusieurs niveaux d’obligations lorsqu’elles utilisent des logiciels open source, notamment dans le cadre d’un produit commercial, d’une infrastructure informatique interne ou du développement sur mesure.

  • Identification et traçabilité des composants open source : l’entreprise doit être capable d’identifier tous les logiciels et composants open source intégrés dans ses produits ou services numériques.
  • Respect des obligations de licence : chaque réutilisation de code open source doit correspondre aux termes de sa licence d’origine (publication du code, mention des auteurs, distribution des conditions d’utilisation, etc.).
  • Notification des modifications : certaines licences, comme la GPL, imposent de notifier toute modification du code source et de le fournir avec le produit.

La documentation de conformité est donc essentielle. Elle permet de prouver, en cas d’audit, que l’entreprise respecte bien les clauses contractuelles des licences open source employées.

Le rôle des outils de gestion des licences open source (Open Source Compliance Tools)

Face à la complexité croissante du paysage juridique des logiciels libres, de nombreuses entreprises investissent dans des outils de gestion de conformité open source. En 2024, ces solutions deviennent quasi incontournables pour assurer une veille efficace.

Les fonctionnalités principales de ces outils incluent :

  • La détection automatique de bibliothèques open source dans les projets de développement
  • La cartographie des licences utilisées et leur compatibilité
  • La génération de rapports de conformité prêts à être fournis aux clients et autorités de régulation

Parmi les outils les plus utilisés figurent Black Duck, FOSSA, WhiteSource et Tern. Leur utilisation permet non seulement une meilleure maîtrise du risque juridique mais contribue également à une démarche de gouvernance logicielle responsable.

Le droit européen et la régulation du numérique en 2024

L’Union européenne encadre de plus en plus strictement l’usage des technologies numériques, y compris les logiciels open source. En 2024, plusieurs textes majeurs ont des effets sur la manière dont les entreprises doivent encadrer l’utilisation de ces solutions informatiques.

  • Le Digital Services Act (DSA) : impose des obligations de transparence et de sécurité aux fournisseurs de services numériques, y compris sur les composants open source utilisés.
  • Le Cyber Resilience Act : exige l’implémentation de normes de sécurité pour tous les produits numériques, dont les outils open source peuvent faire partie. Il impose notamment une obligation de documentation sur les vulnérabilités connues, y compris dans les bibliothèques tierces.
  • Le RGPD : pour les logiciels traitant des données personnelles, l’entreprise doit s’assurer de la conformité de chaque brique technologique au regard du règlement, y compris celles en open source.

Ce cadre pousse les directions juridiques, ainsi que les DSI, à intégrer les obligations liées aux licences open source dans leurs processus de conformité plus globaux.

Intégration dans les contrats et relations commerciales

En 2024, l’usage de composants logiciels open source dans les solutions proposées aux clients suppose une vigilance contractuelle accrue. Les clauses de licences ouvertes doivent être prises en compte dans les contrats commerciaux, les CGU ou encore les contrats de sous-traitance.

Les recommandations pratiques incluent :

  • Informer explicitement les clients sur les éléments open source utilisés
  • Joindre les conditions des licences concernées à la documentation contractuelle
  • Inclure des clauses de limitation de responsabilité spécifiques liées à l’open source
  • Encadrer l’usage de logiciels libres par les prestataires et sous-traitants

En cas de revente d’un produit embarquant des logiciels sous licences copyleft, une mauvaise gestion de ces aspects contractuels peut entraîner la nullité du contrat ou l’annulation de licences spécifiques.

Mise en place d’une politique open source en entreprise

Pour gérer efficacement les obligations légales, la meilleure stratégie reste la mise en place d’une politique open source interne. Cette politique va définir les règles, les procédures et les responsabilités de chaque acteur face à l’utilisation de logiciels libres.

Une politique open source efficace doit :

  • Cartographier les usages open source dans l’organisation (développement, infrastructure, support, etc.)
  • Nommer un référent ou comité open source
  • Définir un processus de validation avant toute adoption d’un nouveau composant open source
  • Garantir un suivi juridique des licences grâce à des audits réguliers
  • Former les équipes techniques et juridiques aux obligations de licence

La politique open source devient ainsi un levier stratégique pour éviter les risques juridiques, renforcer la fiabilité des produits et améliorer la réputation de l’entreprise auprès des partenaires et des clients.

Vers une gestion proactive de la conformité open source

Le recours croissant aux logiciels open source en entreprise s’accompagne inévitablement d’un ensemble d’obligations légales importantes. Ignorer ces obligations présente des risques non négligeables sur les plans juridiques, techniques et commerciaux.

En 2024, la gestion proactive de la conformité aux licences open source devient un impératif. Cela implique d’allier expertise juridique, outils techniques et engagement organisationnel. Bien encadrée, l’utilisation des logiciels libres continue de représenter un atout puissant dans l’innovation numérique et le développement produits. Mais elle ne peut faire l’économie d’une vigilance constante.